stress chronique - 1

Aujourd’hui, nombre d’entreprises se plaignent de ne pas parvenir à garder leurs jeunes collaborateurs. Après un an ou deux, beaucoup se lassent et ne parviennent pas à s’engager pour de bon. En plus, depuis l’été 2022, un message qui fait le buzz auprès des jeunes générations met en lumière une nouvelle tendance apparue post-pandémie : le « quiet quitting ».

Ce phénomène, qui marque une nouvelle étape dans l’influence déjà croissante des jeunes pour réécrire les règles du monde de travail, arrive et s’amplifie alors qu’il faut se réorganiser post-covid, en pleine inflation galopante, pénurie de personnel, à un moment où la tension entre employeurs et employés est à son comble.

Ce terme qualifie le renoncement à la culture de la performance absolue, à l’idée de se surpasser au travail, et au fait de travailler toujours plus, sans compter ses heures, au détriment de tout autre chose. Le principe du quiet quitting consiste donc à protéger son équilibre personnel et son individualité, afin de faire valoir une forme de contrôle sur sa vie et d’investir son temps et son énergie là où ça fait du sens et.ou procure du plaisir… 

Le quiet quitting met clairement en lumière une baisse de motivation et un faible engagement des salariés, qui peuvent se marquer de diverses manières : une baisse de productivité, un retrait du travail d’équipe en limitant les interactions au stricte nécessaire et obligatoire, une forme d’apathie ou de résistance passive, un choix de rester silencieux plutôt que de partager ses idées. 

La démotivation en chiffres : 

  • Selon une étude du cabinet Gallup, seuls 6% des salariés français sont pleinement engagés dans les entreprises.
  • 94% des salariés ne sont donc pas ou peu engagés. 
  • Parmi les salariés désengagés, 25% n’apportent plus de valeur, dénigrent ou sabotent l’entreprise dans laquelle ils travaillent. 
  • Evidemment, plus les collaborateurs démissionnent (de manière silencieuse ou pas), plus la courbe du burnout augmente, car les autres doivent compenser. Résultat : les risques psychosociaux sont omniprésents et les salariés malheureux.

Comment faire face à ce phénomène ?

Si le quiet quitting ne touche pas tout le monde et toutes les entreprises de la même manière, il doit alerter les entreprises sur leur manière de gérer ce sujet, car il impacte aussi bien la marque employeur, et la gestion des carrières que la culture de l’entreprise. 

Pour éviter le quiet quitting, la recette est simple en apparence : 

  • de bonnes conditions de travail, 
  • des possibilités de formation et d’évolution, 
  • une culture d’entreprise saine, 
  • une excellente communication, 
  • pas de messages envoyés en dehors des heures de travail et un respect du temps de travail de chacun. 
  • être en mesure d’identifier les « quiet quitters » qui ne sont rarement dans une démarche militante et assumée.

Il essentiel aujourd’hui que les entreprises sondent régulièrement leur personnel, en allant au-delà des KPI de productivité et de performance. Il faut savoir lire entre les lignes, être attentifs aux commentaires qui « trahissent » le faible niveau d’implication des équipes. 

Les entretiens d’offboarding sont tout aussi stratégiques pour définir ce qui motive les employés et ce qui les pousse à partir. 

Depuis la pandémie, le télétravail connait un véritable essor, pour le meilleur et pour le pire. S’il permet à beaucoup de mieux gérer leur temps et leur vie de famille, en évitant les embouteillages et la fatigue des open spaces souvent très bruyants, il entraine parfois l’isolement des télétravailleurs. 

Qu’ils soient simples collaborateurs ou managers, on peut repérer et prévenir les « quiet quitters » par le fait qu’ils ne répondent pas, qu’ils ne prennent pas le temps d’interagir, ou qu’ils contactent uniquement leurs équipes en cas de problème.

Enfin, il est essentiel de prendre en compte les aspirations personnelles et l’influence des jeunes générations qui façonnent l’entreprise de demain : comment se sentent-ils au travail, dans leur job description, avec leurs collègues ou leur manager, que veulent-ils, qu’aiment-ils faire? Autant de questions qui doivent faciliter le dialogue pour créer un climat propice aux échanges francs et honnêtes.

Le quiet quitting est donc peut-être plus une évolution naturelle du monde du travail qu’une réelle rupture. Les salariés demandent simplement à leurs employeurs de respecter la valeur qu’ils fournissent, selon les ressources et le temps qu’ils ont à leur disposition.